Collages de Philippe Favier.

2020 ‒ 96 pages ‒ 14 x 22 cm

LUI – Et donc, mesdames messieurs, les lettres que vous voyez assemblées sur cet écriteau forment le mot tapirs. Contrairement aux lettres T.A.M.A.N.O.I.R.S. qui, malgré un bon début et même un excellent départ, échouent dans leur tentative. Leur effort n’est pas absolument vain cependant et les trois dernières comme les deux premières ne détonneraient pas dans le mot tapirs, c’est vrai, elles ne dépareraient pas le mot tapirs. Mais entre celles-ci et celles-là, hélas, il s’en trouve quatre autres, observez bien, le M, le A, le N et le O qui sont tout à fait déplacées, tout à fait hors de propos pour ne pas dire saugrenues, qui infléchissent considérablement le sens, qui le faussent, avouons-le, si bien que le mot formé finalement désigne tout autre chose que nous, nomme une autre réalité, une autre bête, car enfin, combien de fois faudra-t-il vous le dire…
ENSEMBLE – Nous ne sommes pas des tamanoirs !
LUI – Nom de Dieu !

Eric Chevillard a fait de ses textes des lieux peuplés de toutes sortes de créatures, bestiaire grouillant de crabes, punaises, hérissons, orang-outans ou, plus récemment, tortues qui font partie de sa panoplie littéraire. Ici, dix-huit cages, comme autant de scènes, et dans chacune un couple d’une espèce différente évoque de banales questions de séduction, de territoire ou de mort… Plongée aussi indiscrète que nécessaire au cœur du zoo, ces dialogues animaux agissent comme loupe et miroir, révèlent autant qu’ils auscultent : nous voici scrutés par un verbe bien vicieux.

(Sans doute révèle-t-il aussi le côté bestial d’Eric Chevillard car, muni de seulement dix doigts, il ne semble pas possible de pouvoir appuyer sur autant de failles et fausses évidences…)

Philippe Favier, à force de subtils collages spécialement pensés pour ce livre, vient finir de noyer notre imaginaire.

  • 13 exemplaires numérotés accompagnés chacun de quelque chose de Philippe Favier.
    indisponible.
  • 1000 exemplaires sur vélin ivoire de La Roche-sur-Yon.
    19 euros.

Dans la presse...