Bernard Noël
Le poème des morts
Frontispice de François Lunven.
J’attends ton signe depuis l’au-delà		
impensable qui ne survienne pas		
ce que tu fus engage qui tu es			
la lumière douce dans l’atelier			
propice à l’arrivée de ton message		
il faut en finir avec l’impensable		
ce que la langue évite de nommer
la vie est désormais une entreprise
tout s’y mesure en rentabilité
plus de social mais seul le rendement
il faut savoir spéculer sur soi-même
faire monter sa cote et sa valeur
on joue d’abord un à un ses organes
puis tout à coup on engage sa tête
La poésie de Bernard Noël crie inlassablement, et au cœur du silence, l’abîme et la déréliction. Une conscience vive et aiguë de ce que l’on a «toujours déjà perdu». L’immémoriale mémoire, celle des origines ? Entre chaque mot, il y a aussi toute l’étendue d’une diction, celle si singulière de Bernard Noël, une lenteur qui prend son temps pour dire l’incommensurable finitude de l’existence. Ainsi donc il est question en filigrane de la vanité de nos vies quant à sa finalité : la pourriture dans son tombeau.
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      1000 exemplaires sur vélin ivoire.      
 11 euros.


