Jacques Réda
Tiers livre des reconnaissances
Sous le pont Mirabeau coule toujours la Seine
Pâle comme les vins blancs que nous avons bus
Et plus rouge parfois que le feu des obus
Qui venaient éclater la nuit à l’avant-scène
De l’Histoire, quand nous étions très peu barbus.
Car nous appartenions encore au pliocène
De la vie, et lisions cette chose malsaine
La poésie hostile aux adultes imbus
De leur savoir. Nous dont la science légère
N’avait pas dépassé le bord de l’horizon
Où pointait le petit chapeau de la bergère
Veillant sur les, troupeaux de rimes saris raison
Que nous laissions filer à ta suite, Guillaume,
Sur le flot de la Seine au cœur de ce royaume
Perdu.
Dans les deux premiers Livres de reconnaissances parus en 1985 et 1992 Jacques Réda exprimait sa gratitude à l’égard de ces pairs et maîtres écrivains, d’Ovide à Bashô, de Cingria à Quignard, dans de vibrants hommages en vers se jouant de la métrique. Dans le Tiers livre des reconnaissances l’intimité littéraire se fait encore plus personnelle en venant saluer Lucrèce et Nerval mais aussi les poètes bien connus, ses amis : Audiberti, Goffette, Grosjean, Tardieu… Subtils ou folâtres, ces exercices de style font le ménage savant de la mémoire livresque de leur auteur et dressent un inventaire attendri de sa «géologie volumineuse».
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20 exemplaires numérotés sur vergé ivoire du Maryland.
75 euros. -
900 exemplaires sur vélin ivoire.
13 euros.