Guillaume Apollinaire
Lettres à sa marraine
Préface et notes de Pierre Caizergues.
Votre lettre m’a procuré un réel plaisir, et cependant, – voyez la logique ! –, j’ai sérieusement hésité à vous répondre : en ce temps où sévit une littérature de “marraines” et de “poilus”, je me suis demandé si notre correspondance affecterait cette allure dont les journaux, en regorgeant, découragent, et s’il convenait d’essayer ce commerce au moins inutile. Et puis, j’en suis venue à me dire que si vraiment vous ressentiez de la douceur à me lire, ce n’était point la peine de vous causer celle de vous en priver, – ni moi de renoncer à l’agrément de pénétrer un peu un esprit distingué comme le vôtre.
En avril 1915, Apollinaire, parti au front, reçoit le quatrain prometteur «d’une femme de France» signé du pseudonyme Yves Blanc sous lequel se cache Jeanne Burgues-Brun, poète et romancière résidant à Montpellier. Quatre vers qui deviendront son «talisman» protecteur et qui lanceront, entre les deux écrivains, une correspondance, de marraine à filleul de guerre, d’une soixantaine de lettres.
Les mots affectueux de la jeune femme, dotée d’une certaine audace et n’hésitant pas à faire d’Apollinaire son “maître”, plaisent au poète qui, en réponse, manie l’écriture géniale et impétueuse qui a construit son œuvre. Ces deux esprits érudits content leur quotidien, s’échangent leurs impressions sur le conflit, l’époque, le sentimental, vacillent entre légèreté et fièvres amères. Animés du même goût pour la littérature, leurs considérations poétiques viennent enrichir les espoirs et les craintes que la période inflige inévitablement à ses acteurs et ses témoins.
Ce volume associe pour la première fois les envois de la marraine, jusqu’alors totalement inédits, à ceux de son célèbre «bleu soldat de rêve» qui furent publiés, séparément en 1951, amputés de nombreux passages.
ISBN : 978.2.37792.141.6
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700 exemplaires sur vélin ivoire de l’Espine.
21 euros.