Yannis Ritsos
Les vieilles femmes et la mer
Nombreux dessins d’Alecos Fassianos.
Traduction de Bruno Roy.
Les navires sont partis, nos hommes sont partis, nos enfants sont partis –
Nous ne savons qui est parti, qui est resté, nous ne savons
pourquoi nous sommes venues, pourquoi nous restons, pourquoi nous partirons,
nous ne savons qui s’est noyé en mer, qui s’est tué dans la montagne,
ce que sont devenus les autres – des orties ont-elles poussé sur leurs crânes ?
des crabes ont-ils pondu entre leurs côtes ? – nous ne savons plus rien ; nous avons oublié
la piqûre du scorpion, le clou sur le front –
Au crépuscule, non loin du port de pêche, sept vieilles femmes se souviennent : le départ des navires, les secrets de la maison vide du marin, les tempêtes, les naufrages... Ouvrières dociles de la vie, elles racontent et conjurent un destin imposé par le règne de la mer. Après des années où humblement elles ont gardé les yeux baissés, elles défient le vent et parlent, emplissant l’espace de la vie passée. Cet hommage aux vieilles femmes de la Grèce, Cassandres s’adressant à leurs descendantes et annonçant comme l’oracle les risques de l’orgueil et de l’ignorance, est un doux rappel à elles-mêmes et à tout ce qu’elles savent sans jamais l’avoir appris.
-
500 exemplaires sur vélin.
19 euros.