Clément Rosset
Les matinées savantes
LOUISE – Bonjour, bonjour, mes amis. Ne perdons pas de temps. Notre ordre du jour est aujourd’hui assez chargé. Comme vous le savez, le prochain numéro de nos Carnets d’épistémographie, consacré à «La Pensée», doit être remis à l’imprimeur avant la fin du mois. Avez-vous, comme je vous l’ai demandé... (Un temps) Mais que fais-tu tout seul dans ton coin, Tart ?
TART (interdit) – Moi, Louise ? Mais… je…
MINET (bas, à Tart) – Tu fais trop de bruit en beurrant tes biscottes, Tart. Tu vas tout faire rater.
Commande de Jean-François Revel qui désirait en découdre avec le flou et l’obscurité de la notion de structuralisme que tout le monde appliquait à tout le monde dans les années 1960, cette Scène absurde en un acte, aujourd’hui devenue mythique mais introuvable, parut en 1969 sous le titre des Matinées structuralistes et sous le pseudonyme un peu transparent de Roger Crémant. Se dessine alors une satire de l’effervescence pseudo-intellectuelle qui régnait chez les élèves de l’École Normale Supérieure – rebaptisée ici Institut Supérieur – qui se destinaient à la philosophie. Domaine familier à Clément Rosset, puisque il était lui-même élève de l’E.N.S. entre les années 1961 et 1965 et faisait partie du groupe qui, chapeauté par Louis Althusser avant que celui-ci ne fût supplanté par Jacques Derrida, préparait l’agrégation de philosophie.
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1000 exemplaires sur vélin ivoire.
18 euros.