Dominique Pagnier

Le royaume de Transpontus

Illustrations empruntées aux planches de Green, Pollock, Skelt et Webb.

«La question est de savoir si nous pouvons avoir le Toy Theatre aussi bien que la Bombe atomique. A quoi je répondrai seulement que nous le devons». Ces propos catégoriques ont été écrits dans les mois où les démiurges de Trinity procédaient à leurs expériences de réaction en chaîne. Eh bien, démiurge, c’est bien ainsi que j’ai vu George en action lors de la production du Meunier et ses hommes. Lui, qui changeait les décors, bougeait ses personnages et les faisait parler, était l’avatar du dieu unique et fulminant, ordonnant et remuant le grand tohu va bohu du drame juvénile.

Apparus en Angleterre au XIXe siècle et grandement populaire en Europe, les Toy Theater – ou Juvenile Drama – sont des théâtres miniatures, scènes de table où les figurines des personnages sont actionnées par le narrateur. Épris par l’art de ces décors de papier, Dominique Pagnier – proposant de les renommer «microdrame» – s’applique, d’anecdotes en confidences, à en relater l’histoire, les effets pyrotechniques et la magie. D’une écriture saisissante, riche en précisions historiques, la défense de ces «petites choses absurdes» se raconte. Leurs fabricants croiseront le chemin de Winston Churchill ou Robert Louis Stevenson qui, amateurs de modèles miniatures, venaient feuilleter les planches de ces boutiquiers-imprimeurs. En ressuscitant ces jouets oubliés par les foules, l’écrivain les érige en mythe, terrain philosophique où se trouvent peut-être quelques réponses sur l’enfance, l’homme et ses drames.

D’abord remarquable poète, Dominique Pagnier, né en 1951, est aussi l’auteur de romans et récits. Ses jeunes années passées dans la capitale autrichienne développeront son goût prononcé pour le théâtre baroque et le romantisme. Sa fiction, où l’illusion côtoie si bien le réel qu’elle n’en est plus une, est le fruit mûr d’une maîtrise totale du fait historique et d’une écriture sévèrement exigeante.

ISBN : 978.2.37792.160.7