Richard Millet
Le dernier écrivain
Je me méfie de ma propension à l’effacement, à l’échec, au renoncement : la décadence est un terrible accélérateur de perspectives et l’époque une formidable machine à réprouver (fût-ce par auto-censure) les déviants que sont les écrivains qui s’obstinent à écrire envers et contre tout ; ce qui me fait considérer avec joie une solitude dont j’étais près de me plaindre alors que j’en tire ma force, mon sourire, ma détermination à ne pas vous ressembler, et qui fait de moi, comme de tous ceux qui s’opiniâtrent, le dernier écrivain.
Fustiger la médiocrité est une activité risquée au temps des grands nivellements et de la confusion définitive de l’art et du divertissement. C’est à ceci que s’attelle ici Richard Millet. Il y faut le courage de l’homme seul et désespéré et la légitimité que confère une œuvre partout considérée comme l’une de celles que désigne encore de manière significative l’épithète de «littéraire». Il y a dans ce texte plus de colère que de résignation. Il y a surtout l’impérieuse nécessité, sorti du travail lent et infini de l’écrivain, de donner corps à cette colère en une salve salutaire.
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600 exemplaires sur vergé ivoire.
indisponible. -
Nouvelle édition de mai 2007.
14 euros.