Salah Stétié
Le chat couleur
Le début de ce récit pourrait se situer à Cordoue, mais c’est plus vraisemblablement à Fès qu’il convient de le placer. L’époque même de la rédaction du manuscrit restera, à ce stade en tout cas de son évocation, insaisissable. Fès est une ville grise au cœur d’une ceinture verte : l’été, elle a des rougeoiements splendides. Cordoue est rouge et blanche, plus blanche que rouge et si parfois elle paraît verte, c’est quand, du fait de la ronde des saisons, l’été la gagne. Le calligraphe, ou bien s’agit-il d’un copiste (on ne connaît pas, de toute façon, d’autre exemplaire du manuscrit) pourrait être originaire de l’une ou l’autre ville à deux siècles de distance près, la façon de former les lettres ainsi que leur vocalisation ayant peu varié dans l’intervalle.
Si Salah Stétié est unanimement reconnu comme l’un des plus grands poètes contemporains de langue française, ses écrits en prose, tout aussi remarquables, sont plus marginaux. Il y a bien sûr de nombreux essais critiques dédiés à Rimbaud ou Mallarmé, au langage poétique, au monde arabe et à son mysticisme. Mais il s’agit ici de nouvelles : La grande barque, en référence au navire de Noé, La mer de Koan, La nuit d’Abou’l Qassim, La substitution, Le tramway rouge, Le chat couleur, et toutes ont en commun une essence intemporelle, lointaine, puisée à la jonction de l’Occident et de l’Orient. On pense ici aux Nouvelles orientales de Marguerite Yourcenar où le mythe se conjugue à l’intime.
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30 exemplaires peints par Joël Leick
180 euros. -
Exemplaires sur vélin ivoire.
16 euros.