Daniel Bourdon
L’extase du dilettante
Nombreux dessins de Jan Voss.
A peine y eus-je posé le pied que cette contrée m’apparut inhospitalière. Le préposé à la frontière ne s’était pourtant pas montré particulièrement tatillon : il ne m’obligea pas à produire une pièce d’identité, ne posa aucune question sur l’objet de mon voyage ou la durée de mon séjour. Il me laissa passer sans un mot – et resta également silencieux lorsque je lui demandai de m’indiquer le nom de la ville la plus proche. Ce fut comme s’il ne m’avait pas entendu. Sans doute préférait-il ne pas montrer sa méconnaissance de ma langue. Je n’avais aucun moyen de savoir où menait chacun des quatre chemins qui se présentaient aussitôt passée la frontière, mais du moins j’étais libre de prendre celui que je voulais.
Ce nouveau recueil de courtes proses nous transporte dans des lieux imaginaires où les suicides ratés sont punis par la mort, où l’on vote pour un candidat en misant sur sa démission, où le champ des possibilités contraint à l’immobilité, où l’étranger demeure à jamais invisible et n’a d’autre perspective que de rebrousser chemin. Chaque fois que commence un récit, que s’élève une nouvelle voix, c’est un monde nouveau qui apparaît, avec ses lois propres, qui nous sont données peu à peu à comprendre – clés dont on ne sait jamais quel mécanisme elle vont déclencher, ni à quelle porte elles appartiennent, ouvrant sur quelle chambre – ou qui restent énigmatiques, pour le narrateur comme pour le lecteur.
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800 exemplaires sur vélin ivoire de Tranzalie.
13 euros.