2009 ‒ 32 pages ‒ 12 x 17 cm ‒ ISBN 978.2.85194.740.6
Tendre trace silencieuse laissée par tous ceux qui ont marché là, depuis très longtemps, trace des vies et des pensées qui sont passées là, nombreuses, diverses, traces de bergers et de chasseurs d’abord – et il n’y a pas si longtemps encore –, puis de simples promeneurs, d’enfants, de rêveurs, de botanistes, d’amoureux peut-être… Le temps humain qui inscrit ses lignes souples dans le sol.
Philippe Jaccottet poursuit ici un dialogue amorcé il y a bien longtemps avec la terre. Apologie du regard, sa prose s’attache à la fragilité et traque l’éphèmère en conciliant intensité et transparence.
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30 exemplaires sur chiffon ivoire.
96 euros.
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1170 exemplaires sur vélin ivoire.
12 euros.
Dans la presse...
Dans la presse
Poète, essayiste, traducteur, Philippe Jaccottet (né en 1925) appartient à une génération qui s’est radicalement démarquée d’une poésie au verbe trop flamboyant. Ce court récit raconte un moment de grâce vécu par le poète lors d’une banale promenade sur un chemin de terre : une fleur, des traces de pas, une impression de «plénitude heureuse», très vite le sentiment de faire corps avec la création. A la simplicité de la scène répond le dépouillement de la langue. Pas d’envolée lyrique, juste une parole d’une rectitude parfaite et toute la poésie dans ce fragile constat risqué par Jaccottet pour approcher l’énigme : «j’avais alors pour toute compagne visible une serratule dont la fleur hésite entre le rose et le mauve (....) un peu comme si une étoile sans nom et sans éclat avait décidé de se faire mendiante à côté de nous.»
Didier Cahen, Le Monde des livres, 8 octobre 2009.
Ce très bref récit de Philippe Jaccottet évoque un instant de grâce vécu lors d’une promenade, sur un petit chemin couleur de terre. Chemin écrit patiemment par le temps, imprégné de ceux qui l’ont tracé et foulé. Rien qu’un mince chemin de terre mais une chaleur émanée du sol déclenche «une impression d’heureuse plénitude», d’une intensité singulière, presque imperceptible, énigmatique. Une «stupeur tranquille, calme, sans aucune crispation, sans éclat, sans bruit» saisit le poète. Stupeur d’être là, dans la chaleur du soleil couchant, observant les taches rousses des sédums sur les rochers, «les lianes de la clématite sauvage où l’on pourrait se prendre les pieds, et la serratule, la fidèle mendiante rose des fins d’été». Nul lyrisme ni grandiloquence pour exprimer le sentiment de faire corps avec la nature, l’énigme d’être là, «dans ce lieu et à ce moment-là, vivant, à coup sûr, ne rêvant pas, au milieu de choses toutes aussi indubitables les unes que les autres dans leur relative insignifiance et leur mutisme». Philippe Jaccottet nous raconte «ce tout petit, ce bref événement» avec un dépouillement extrême, en recherchant la parole la plus juste possible. Ou comment une banale promenade se transforme en moment privilégié.
Alain Feutry, Brèves, décembre 2009.