Roger Caillois
Aveu du nocturne
Edition établie et présentée par Stéphane Massonet.
Dessins de Nathalie Bourdreux.
Comme aux ophiolâtres, aux grammatosophistes, comme à Dürer et à Hugo, il m’arrive d’imaginer, mais sans jamais le déclarer atroce, le soleil antérieur d’où se répercutent les ondes des ténèbres essentielles. Un prince veuf en porta, dit-on, l’image sur son luth semé d’étoiles. Je suis assuré qu’en ce monde symétrique existe quelque part, qui équilibre le foyer de la lumière, une aveuglante opacité, le Castel de Sombre de la chronique infernale.
Dans l’obscurité, si intense soit-elle, je perçois seulement la réverbération moribonde d’un noir sauvage, insoutenable. De chute en chute, il se dégrade jusqu’à blanchir en une clarté fade, auprès de qui les ténèbres sont l’éclat.
Après sa longue traversée de la mer (des livres), le fleuve Alphée retourne vers sa source.
Dès les premières expériences poétiques, la nuit était là, présente dans un petit bout de tissu rose que le poète décrit comme nocturne, selon le protocole des recherches expérimentales surréalistes datées du 11 février 1933. A l’autre bout de la nuit, une des dernières agates que le poète était en train d’explorer au moment où la mort le surprend, superpose de manière inattendue le grenu au feutre duveté du velours, comme un lointain écho de cet attrait poétique pour la nuit. De la pierre au poète, d’une nuit à l’autre, Roger Caillois se demande si le vivant et l’inorganique ne sont pas régis par une loi unique, par une grammaire similaire qui ne cesse de se dérober au cœur de la nuit.
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700 exemplaires sur vélin.
20 euros.