Charles-Albert Cingria
Aria del mese
Dessins de Philippe Hélénon.
Paris est une ville où on voit tout d’un coup des choses comme ça : un papillon qui sort du cerveau d’une statue, puis s’élève d’un lourd vol vaseux, puis plane. L’or est tiède sur les façades. Mille têtes en bas. Il traverse la place. Les gens croient que c’est un bout de papier ou bien ils ne le voient pas. Et puis le vent le roule au Nord-Est grassement sur les toitures. Peut-être qu’il ne mourra pas. Il y a de l’herbe tendre, de belles meules éternelles, pas si loin de Paris.
Jean Paulhan écrivait en 1937 à Gide : «Je ne serais pas très loin de voir en Cingria un grand écrivain – enfin, l’un de ces écrivains à qui l’on laisse, une fois invités, toute liberté de parler à leur gré.» Et c’est alors carte blanche qu’il lui donne au sein de la NRF où il livrera son Air du mois pendant plus de cinq années.
Dans une introduction à cette chronique Cingria écrivait : «Pour faire ce mois et le bien faire il faudrait être extrêmement attentif à tout. Un petit fait – pas rien qu’une chose vue, une chose lue dans le journal – se révèle brusquement intensément significatif. On remarque cela, on le raconte, et puis cela on le perd. Il ne faudrait pas, car c’est ça l’air du mois…» Et derrière ces anecdotes et cette vocation à discourir «positivment sur rien», on trouve un sens profond de l’être : celui des gens, des objets, des lieux, des époques. Une attention sans faille à ce qui est, et à ce qui est là.
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500 exemplaires sur vélin.
18 euros.